mardi, octobre 30, 2018

Autre chose à faire

Là où je travaille, il y a ce garçon qui n'est satisfait de rien. Jamais.
Les choses ne sont jamais assez ci, elles sont trop cela.
Ce que je dis est rarement juste parce que ceci.
Ce que je dis est souvent exagéré parce que cela.

Il me reproche des tas de choses, sur la manière dont j'élève mon enfant. Parce que je lui donne supposément trop d'amour. Parce que je ne le laisse pas aller seul à l'école. Parce qu'il se couche trop tôt. Parce que je ne "ris" pas de lui. Je devrais me foutre de la gueule de mon fils pour son bien.
Il a 6 ans.

Il me reproche d'avoir une "aisance" financière alors que nous avons le même salaire, il me reproche d'avoir une maison. Elle n'est pas dans le bon quartier, ce n'est pas la bonne époque, sa valeur va sûrement chuter, qu'il dit. Il me reproche d'avoir fait réparer mon toit et de ne pas l'avoir fait moi-même accompagnée de mon fils (de 6 ans). Il me reproche d'avoir étudié en cuisine, m'assène que ce n'était certainement pas de vrais cours, s'insurge que je n'aime pas vraiment la viande, me dit ce que je devrais faire pour mieux entrainer mon genou. M'explique que si je n'aime pas la natation, c'est simplement parce que je ne sais pas nager. Il n'a aucune idée de mon niveau de maîtrise de la nage.

Il m'explique que l'anxiété de mon fils est probablement lié à mes comportements et cela sous le ton bienveillant de la blague. Il trouve très comique que nous ayons un mode alimentaire assez strict en raison des risques cardiaques de mon copain.

Il m'explique des détails sordides de personnes que je connais de vue, un peu. Des détails de leur vie personnelle que je ne veux pas savoir. Des détails de leur vie personnelle qui leur appartient. Je ne veux pas modifier ma perception de ces personnes à cause de ragots qui sortent d'on ne sait où.

Les personnes qui ne font jamais rien de bien sont habituellement des filles.
Tout cela me rend un peu lasse.
J'ai autre chose à faire.
Je me rends toutefois compte que, dans tout ce maelström, je suis solide.
Je suis solide et je suis chanceuse.

Quelle chance j'ai d'avoir cette vie si belle, si belle.
Tout cela se promène en arrière fond comme quelque chose de gênant. Mais ça n'entre pas.
Je suis ailleurs.
Le temps me fait du bien.

mardi, mai 08, 2018

Est-ce que je suis là, à m'anesthésier dans notre amour, où suis-je en train de le porter ailleurs, les bras en l'air, à la recherche d'un flocon de neige perdu ?
Est-ce que je suis là, à me terroriser de ce que nous pourrions être, empêchée par mes idées de grandeur, ensevelie sous le passage du temps ?

jeudi, décembre 01, 2016

Souvenir

Je n'ai pas beaucoup parlé avec ce garçon. Je veux dire, des vraies conversations. On a beaucoup papoté, de petites choses de surface. Mais finalement, on ne savait pas grand chose sur nous. Sur ce qu'on est l'un et l'autre.

Bon, peut-être qu'il avait une longueur d'avance, dans un certains sens. Parce que j'arrive quand même assez à exposer mon intérieur à travers des choses insignifiantes. Mais, et là je suis peut être un peu perdue, moi je n'avais pas d'indice.

Et en fait, on ne s'est jamais rencontrés. 

C'est étrange. On s'est pourtant parlés pendant des années ! Environ 3 ans. À un rythme soutenu. Avec des petits récits comme ça, du quotidien. Je lisais ses mots entre 2 cafés, entre 2 examens, entre 2 enquêtes, au travail. Je me suis même déjà esclaffée maladroitement sur une version papier très propre du Journal Le Devoir après avoir lu qu'il avait un collègue qui lui avait parlé de spéculum et qu'il avait entendu spéculoos. La perspective de se mélanger entre cet instrument intrusif frette et un biscuit aux épices m'avais semblé si ridicule !

Un jour, il est parti continuer ses études à Strasbourg. J'étais contente pour lui. Strasbourg. Ça fait partie de mes rêves d'aller y flâner. J'ai même une liste d'adresses où j'aimerais aller. Quelque part, dans un carnet entre 2 réflexions de thèse. Mais quelle chance !

Pourtant... Ça n'avait pas l'air de faire son affaire. Il fallait bien y aller, pour les études, mais bof bof, il n'y avait pas d'exaltation là-dessous. Ah bon ? Comme j'étais surprise. Définitivement surprise. Directement issu d'un milieu économiquement plus que favorisé, il n'y avait pas de contrainte monétaire en vue. Le logement était trouvé, les démarches étaient complétées. C'était quoi, le problème ?

C'était simplement qu'il allait étudier avait une équipe de chercheur dont l'étoile de la recherche était une femme. Et devant tous les propos qu'on avait pu s'échanger, devant tous ces écrits rédigés jour après jour, je n'avais pas compris toute la place occupée par sa misogynie. Quelques échanges plus tard, il n'y avait plus de doute. 

C'est comme si on m'avait arraché l'intérieur.
Quelque part, il m'a assuré qu'il était convaincu que je n'arriverais jamais à faire quelque chose d'intéressant, professionnellement parlant. 

Avec mon café ce matin là, je suis allée me réfugier dans mon bureau. Et j'ai pleuré pendant une bonne demi heure en effaçant notre correspondance.

Aujourd'hui il est médecin.

mercredi, novembre 02, 2016

Ouain.

Le plus difficile quand on fait un doctorat, c'est pas tellement le doctorat comme tel. Ou la conciliation travail-études-famille. C'est simplement de renoncer aux opportunités de faire autre chose pour finir par le faire, le doc.

*Sigh*

vendredi, octobre 07, 2016

Oups.

Ça fait 2 heures qu'on parle d'un peu n'importe quoi. De solitude, de structure sociale, de lutte de classes, de musique. Tu viens de mon coin de pays. Tu tentes de comprendre les structures de domination. Moi qui pensais simplement t'exprimer mon appréciation de ta musique, voilà que nos échanges s'éternisent. C'est l'fun, mais c'est pas l'fun. Merde. Et en plus tu viens de me poser une question sur ma thèse. As-tu idée que nous pourrions prendre racine dans ce bar avant d'avoir vu la fin de cette conversation ?

Parce que je fais un son victorieux à la Age of Empire après une de tes remarques, nous finissons par parler jeux vidéos. J'ai l'impression que notre conversation pourrait se noyer dans l'infini tellement il y aurait de choses à dire. Étrangement nous nous éloignons des conversations que j'ai pu avoir des centaines de fois auparavant. Que se passe-t-il de différent cette fois-ci ?

De manière maladroite je m'esquive et parviens à m'enfuir entre 2 obligations. Le set qui doit être démonté et le lit que je dois rejoindre. Tu me glisse ton adresse mail dans la main. Une vieille serviette de table que je prends rapidement et que j'enfoui dans ma poche. Je ne vois pas ton regard, derrière tes longs cheveux, mais je vois ton sourire. Nous travaillons sur la même chose, pourquoi ne pas mettre notre conversation sur papier ? Oui. Bon. On verra ?

Une fois sur la route, je me demande ce qui adviendra de tout ça. Dans ma poche, cette serviette de papier chiffonnée. Songeuse, je la prend et la regarde, curieuse de cette adresse courriel.

Oups. Ce qu'il y a dessus est complètement illisible et je n'ai aucun souvenir de ton nom.

samedi, août 27, 2016

Yé!

Mon travail m'amène à parler avec des gens partout au Canada.
Au Yukon, au BC, au Manitoba... En Nouvelle-Écosse.
Et nous discutons essentiellement du féminisme et des revendications politiques que nous souhaitons organiser. C'est quelque chose que j'aime bien. Que je trouve intéressant. Ça me permet d'avoir une vision assez large des conceptions féministes et des positionnements politiques. Et ça me permet aussi de mieux comprendre l'organisation du politique et le fonctionnement de sa structure interne. La face cachée. La gymnastique interne à faire pour s'y insérer.

Je me demande ce que je vais trouver là. C'est franchement totalement l'inconnu. Pour l'instant, j'ai réussi à faire des liens avec des chaires de recherches universitaires et quelques attachéEs politiques. Je tente de me faire de plus en plus de place auprès des organismes de femmes qui ont des revendications. Ça va bien, je pense. Je "fit" dans leurs attentes. J'ai un discours radical, mais je sais me modérer, mettons. Et je ne suis pas trop "snob" paraît-il. J'vais prendre ça pour un compliment. Coup dont.

Toujours est-il qu'à partir d'octobre, je vais aller faire mon tour au Parlement pour parler avec des gens politiques et leur jaser de féminisme.

SÉRIEUX.

J'vais faire ça.
J'vais être payée pour ça.

La vie est définitivement incroyable.

Et entre temps, j'ai presque terminé de rédiger mon analyse de thèse !!
My My my !!!! Il ne m'en reste pu gros !!!

lundi, juin 20, 2016

Le marathon d'écriture.

Lire. Relire. Relire. Lire.
Écrire. Effacer. Réécrire.
Chercher le mot juste.
Gosser dans Antidote.
Lire, lire, lire.
Prendre un café.
Écrire.

Prise dans la pénibilité de l'exercice.
Avec moi-même.
Et à côté. À côté...
Ce groupe hilare qui mobilise les théories marxistes en surface pour asseoir l'impression de leur compréhension et déjouer l'ordinaire.

Mais qu'est-ce que je fais là ?